La pandiculation

La pandiculation

Crédit photo : Marie-Laure Duarte

Si vous suivez les cours en ce moment, vous êtes maintenant habitué.e.s à entendre les indications suivantes : « Inspirez en levant les bras vers le plafond, puis retenez le souffle en contractant tout votre corps, comme si vous sortiez de votre lit. Allez chercher la sensation agréable… ». Puis nous relâchons dans une expire, suivie d’un petit temps d’intériorisation où nous observons les effets, avant de recommencer.

De manière très personnelle, après ces pandiculations (car c’est comme cela que ça s’appelle), je sens déjà des blocages se lever (alors que la séance commence à peine), certaines parties de mon corps qui étaient endormies se manifestent un peu plus. Parfois aussi, cela me donne envie de bâiller (et cela tombe bien, le bâillement est un marqueur corporel de la détente, et permet en plus de relâcher les muscles de la mâchoire), et je sens ma respiration s’apaiser un peu plus. Je ne crois pas qu’il m’arrive de ne rien sentir après ce petit mouvement tout simple, qui est facile à intégrer à son quotidien (et on le fait déjà sans forcément y penser). Parfois, aussi, quand je suis fatiguée, la rétention de souffle est plus courte. Dans ce cas, je l’observe et j’adapte ma pratique à ma forme et mon corps du jour. J’apprécie autant le mouvement en lui même que le rebond qui suit, ce petit moment d’observation où je perçois les changements dans mon corps, mon souffle, mon mental, induits par la posture. Cela peut se résumer par « Aaahhh – *soupire d’apaisement*« .

Mais pourquoi est-ce aussi agréable ?

La contraction maximale de tous les muscles permet de libérer les tensions. En effet, lorsqu’un muscle se contracte à son maximum, en se relâchant ensuite, il se relâche à son maximum. En fait, lorsque l’on contracte sur la rétention du souffle, on va chercher plus loin que les tensions déjà existantes, pour les piéger, et les relâcher lorsqu’on relâche la contraction volontaire. En contractant au maximum, nous pouvons donc nous relâcher encore plus. Bien sûr, cette contraction maximale est fait sans que cela ne génère de tensions ou de sensations désagréables. On recherche la joie, la plénitude de la rétention qui suit l’inspiration, et cette rétention aussi doit rester agréable.

Du yoga au quotidien et hors du tapis

La simplicité de cet exercice fait qu’il est très facilement transposable hors du tapis, dans son quotidien. Il peut se décliner dans toutes les positions : allongée, assise, debout… Il est à pratiquer sans aucune modération, sans aucune contre-indication, à partir du moment où l’on a bien intégré que les sensations doivent rester agréables, donc sans hésiter à adapter le mouvement si cela génère des tensions ou des crispations. Cela peut être dans sa journée de travail, dans les transports, au cours d’un rendez-vous qui s’éternise ou d’une attente trop longue. Ou encore lorsque l’on est anxieux.se, stressé.e, triste, à plat, mais aussi lorsque tout va bien pour entretenir les sensations agréables. Accordez-vous quelques minutes pour vos pandiculations, avec toute l’attention que vous méritez.

Rappelez vous que ce qui fait le yoga, ce n’est pas ce que l’on fait, mais la présence à ce que l’on fait.