De l’intention dans les séances de yoga
Souvent, en début de séance, je vous propose de définir une intention qui vous accompagnera pendant votre pratique du jour. Souvent, c’est pendant la séance mi asanas, mi pranayama, que je vous prévois à chaque semaine de Nouvelle Lune. Cette fameuse séance toute en fluidité, où j’aimerais vous inviter à vous recentrer, parfois à fermer les yeux et à vous laisser guider par votre propre mouvement et votre propre respiration. Souvent, lorsque je vous fais cette proposition, je me dis qu’il faudrait que je l’explique plus. J’imagine que c’est très parlant pour certain·e·s, et pas du tout pour d’autres. Je faisais partie de cette dernière catégorie quand j’ai commencé à pratiquer le yoga et qu’on me disait ça, je n’arrivais pas trop à en comprendre la finalité, le pourquoi, ni même le comment. Je laissais ça de côté, tout simplement car ce n’était pas le moment pour moi de l’intégrer dans ma pratique. Mais comme tout évolue, ça aussi !
Depuis quelques mois, c’est quelque chose que j’ai complètement intégré à ma pratique personnelle. Et comme tout enseignement est le reflet d’une pratique personnelle, j’ai eu envie de vous la faire découvrir. D’abord timidement, dans certains cours, parce que parfois, je le sens plus que d’autres (je ne vous ai pas déjà dit que j’étais timide ?) et avec de plus en plus d’assurance au fur et à mesure des séances. Tout simplement parce que ces histoires d’intention m’apportent beaucoup, à moi, et que j’ai envie de partager ça avec vous. C’est d’ailleurs pour ça que j’enseigne le yoga après tout, pour partager des trucs qui me font du bien et que j’aime bien.
Mais reprenons à la base, quand je vous propose de définir une intention qui va vous accompagner pendant votre pratique, je parle de quoi au juste ?
Cette intention, ça peut être tout et n’importe quoi. Quelque chose que vous souhaitez mettre en place ou faire évoluer par rapport à votre pratique sur le tapis (de se centrer sur sa respiration, de respecter vos limites, d’observer votre mental pendant la séance), qui peut aussi s’appliquer en dehors (puisque l’une est le reflet de l’autre après tout). Ou quelque chose qui s’appliquerait en dehors, mais qui peut aussi avoir un impact dans votre pratique (de se centrer sur le moment présent, de prendre les choses avec plus de recul). Ça peut aussi être – et j’aime beaucoup cette idée – de partager le bien être que vous aura procuré cette séance avec une personne qui n’est pas là (ou qui est peut-être juste à côté de vous, mais qui n’en a pas forcément conscience de votre intention) comme un cadeau de bienveillance, ou de dédier cette séance à quelque chose, une cause par exemple, qui vous tient à cœur. C’est vous qui voyez, et ces propositions ne sont que des exemples dans lesquels piocher ou vous inspirer. C’est à vous de créer ce dont vous avez envie, de formuler cette intention.
Mais pourquoi je vous propose de faire ça ?
Parce que j’aime bien 😉
Et que je trouve que ça donne une jolie dimension à notre pratique posturale. En formulant une intention, notre pratique décolle forcément et dépasse le simple exercice physique. A mes yeux, ça donne plus de conscience à ce qu’on est en train de faire, plus de présence aussi. Et je pense que c’est ce qui fait qu’on pratique le yoga, pas notre tapis, notre leggings, ni les salutations au soleil ou le nom des postures en sanskrit. Pratiquer le yoga c’est développer sa présence, et l’intention me semble être un bon moyen pour l’améliorer. L’intention que je définie, elle me permet de donner un cadre à mon mental et donc de lui proposer des limites sur lesquelles s’appuyer lorsqu’il risque de m’emmener complètement ailleurs, et ça va forcément arriver pendant la séance. Il suffit alors juste de s’en rendre compte, et là, « ah oui, mon intention ! ». C’est une direction que je donne à ma pratique.
Pour ma part, mes intentions sont souvent en rapport avec ma pratique, car c’est une partie importante de ma vie et qu’elle déborde souvent hors du tapis. Et comme l’une est le reflet de l’autre, ce que je tente de mettre en place sur le tapis déborde aussi. En ce moment, mon intention est de développer ma conscience corporelle. Oui, je pars de loin à ce niveau là, et bien sûr, le yoga m’aide énormément. Et à force de me le répéter à chaque début de pratique que je fais pour moi, comme un petit rituel, ça commence à s’inscrire profondément. Mais cette intention, ça peut être aussi beaucoup plus léger. Encore une fois, c’est à vous de voir.
Définir ce type d’intention demande auparavant d’avoir observer nos propres réactions – de mieux se connaître en fait – afin d’identifier ce qu’on souhaite faire évoluer pour… pour ce que vous voulez, vous sentir mieux, être plus heureux·se, conquérir le monde, c’est à vous de le définir. Et ces trois trucs là, observer ces réactions, identifier ce que l’on souhaite faire évoluer, et définir dans quel but, ce sont aussi des intentions. Tout ça, c’est Svadhyaya, un joli terme sanskrit qui signifie le fait de s’étudier soi-même, de mieux se connaître. L’introspection, le travail sur soi, tout ça, tout ça. Svadhyaya, c’est un des Niyamas, un des huit piliers du Raja Yoga de Patanjali , qui regroupe cinq règles de vie pour vivre en harmonie avec soi-même. Bon ben voilà, on est en plein dedans.
Et pourquoi je vous propose ça lors de la séance Nouvelle Lune ?
Je le disais plus haut : pendant cette séance, j’aime bien vous inviter à vous poser, à vous recentrer. J’aime bien voir la nouvelle Lune comme le début d’un nouveau cycle. Il fait tout noir dans le ciel. Un peu comme un hiver express pendant lequel on se recharge pour partir sur de nouvelles aventures (oui, c’est comme ça que j’ai vécu cet hiver et c’est beaucoup plus fun que de le subir 😉). Alors on pose une intention, et on voit comment on la fait fructifier par nos actions et nos pensées pendant les quatre semaines et quelques qui vont suivre. Pour ensuite faire le point et recommencer à la prochaine Nouvelle Lune. Encore une fois, ce n’est qu’une proposition. Vous pouvez aussi très bien choisir de laisser ça de côté, ou juste de jouer le jeu pendant la séance, c’est vous qui voyez.
J’espère que ces lignes aideront celles et ceux qui en avaient besoin à mieux cerner ce que voulait dire, pour moi, cette petite phrase, et vous donneront plein d’idées d’intentions pour vos prochaines séances.
Et pour celles et ceux pour qui c’était déjà bien clair, n’hésitez pas à partager comment vous vous l’appropriez !