Om Satya Yoga ? C’est quoi ce nom bizarre ? Vous vous êtes déjà posé•e la question ? Je vais tenter d’y répondre ici.
Je ne vais pas revenir sur la signification de Om car de nombreuses choses ont déjà été écrites, ou dites, sur le sujet (notamment ici ou ici).
Pour vous expliquer ce qu’est Satya je vais devoir faire un détour par les Yoga Sutras de Patanjali. J’en vois déjà qui froncent les sourcils. Mais laissez-moi (essayer de) vous expliquer en quelques mots.
Les Yoga Sutras de Patanjali sont, pour résumer, le texte fondateur de l’Ashtanga Yoga, aussi appelé Raja Yoga. Et donc, les Yoga Sutras, c’est une compilation de phrases, de pensées, assemblées par un sage (qui aurait vécu, à un moment, entre -400 et l’an 200 de notre ère, Patanjali, donc), qui indiquent la marche à suivre pour parvenir à la réunification de sa conscience individuelle à la conscience universelle, qui est, au final, l’objectif du yoga.
Petite parenthèse, lorsque l’on parle de l’Ashtanga Yoga de Pattabhi Jois, c’est une facilité de langage. On devrait en fait parler d’Ashtanga Vinyasa, mais c’est trop long. Donc Ashtanga ça suffit.
Je vous ai perdu•e•s, non ? Essayons de poursuivre.
Ashtanga, en sanskrit, veut dire « huit parties », « huit membres ». Dans ces Yoga Sutras, il est décrit huit étapes (qui ne sont pas vraiment des étapes puisqu’elles sont ou peuvent être concomitantes) :
– Les Yama, qui sont des règles de vie que l’on s’impose à soi-même et dans ses relations avec les autres. Il y en a cinq : Ahimsa (la non-violence) ; Satya (ah, voilà !!) ; Asteya (le fait de ne pas voler, que ce soit des objets ou des pensées) ; Brahmacarya (la modération, la contenance) ; et Aparigraha (la non-convoitise).
– Les Niyama, qui sont également des règles de vie, interliés avec les Yamas. Il y en a également cinq : Soucha (la pureté, du corps mais aussi de ses pensées, paroles et actions) ; Santosha (le contentement) ; Tapas (la discipline, le fait de se tenir à ce que l’on s’est promis – par exemple, dérouler son tapis au moins quatre fois par semaine, et pas juste pour l’aérer) ; Svadhyaya (le fait de se connaître soi-même et de développer ses savoirs, notamment sur le Yoga) et Ishvara pranidhana (le fait de s’en remettre à quelque chose – un Dieu, la Nature, l’Univers, sa Bonne étoile, etc. – de plus grand que soi).
– Les Asanas, qui sont les postures et qui sont ce que nous connaissons le plus du yoga en Occident. Les Asanas peuvent donc être du Hatha Yoga, du Vinyasa, du Vinyasa Flow, de l’Ashtanga Vinyasa, de l’Iyengar, etc. Le seul dénominateur commun est d’être dans cette recherche de Sthiram (stabilité) et Sukham (bonheur, joie) du corps et de l’esprit. En gros, un des objectifs des asanas, ce n’est pas de réussir à tenir Sirsasana ou Eka Pada Rajakapotanasana (même si, je suis entièrement d’accord, c’est un réel défi et une source de motivation à ne surtout pas négliger !), mais c’est bel et bien de garder son mental concentré sur l’ici et maintenant, sur son tapis, son corps, sa respiration et sur ce qu’on est en train de faire sans se laisser emporter par ses pensées. Et c’est au moins aussi dur – voire plus ! – que de réussir à tenir Bakasana pendant sept respirations. Sans cet effort de concentration, on fait des postures, qui auront bien sûr un impact positif sur le corps, sur les muscles, les ligaments, qui permettront d’évacuer des toxines (ah tiens, c’est en lien avec Soucha, la pureté aussi !), d’évacuer les tensions, etc. Ce qui est déjà très bien !
– Les Pranayamas, qui sont des techniques de respiration visant à étendre et contrôler (ayama) le prana (qui est à la fois l’énergie vitale et le souffle), à purifier le corps et à ramener du calme dans l’esprit
– Pratyahara : les sens sont mis en sourdine, le mental est capable de se concentrer vers l’intérieur.
– Dharana : la concentration, le fait de maintenir son attention sur un point en particulier. Dharana demande donc un effort constant, contrairement à Dhyana
– Dhyana : la méditation. C’est un état, et non un effort, l’attention est maintenu sur un objet choisi sans que l’effort de concentration n’entre en compte. C’est une observation contemplative
– Samadhi : je me contenterai de citer Patanjali : « Lorsque l’objet de la méditation absorbe complètement le méditant et semble être le sujet, celui-ci perd la conscience du Soi. C’est le Samadhi ». Voilà, vous avez 4h, je ramasse les copies à 16h30.
Après tout ces détours, revenons à Satya, que j’ai volontairement laissé de côté un peu plus haut. Je n’allais pas tout vous dire tout de suite !
Satya est donc un Yama, un principe de vie que l’on applique envers soi-même et envers les autres. Satya, c’est la vérité, la véracité, le fait de ne pas mentir, aux autres et à soi-même. Ne pas se mentir, s’est aussi le fait de reconnaître ses limites, les accepter, tenter petit à petit de les repousser, sans violence (Ahimsa, toujours !) et apprendre à s’en contenter (Santosha, mais on dirait que tout est lié en fait !). Dans sa vie de tous les jours, c’est l’honnêteté, la cohérence de ses actions, de ses paroles et de ses pensées.
C’est quelque chose de très important pour moi, que j’essaie d’appliquer dans mon quotidien, dans mes choix, de vie, de consommation, de divertissements.
Sur le tapis, Satya, c’est être vrai dans sa pratique, être honnête avec son corps. C’est le fait de ne pas se mettre en compétition avec soi-même ou avec les personnes autour de nous. C’est pratiquer pour soi et s’écouter, reconnaître et respecter ses limites et surtout, les accepter avec bienveillance.
J’espère que mes cours sauront le refléter 💜
Namaste 🙏🏻